La déficience intellectuelle VS les troubles de santé mentale
Les différents termes pour définir les maladies ou les états d’une personne peuvent parfois être difficiles à comprendre et à différencier. Par exemple, la déficience intellectuelle et les troubles mentaux sont souvent confondus. En effet, il peut être facile de mélanger les signes et symptômes de chacun, car il peut y avoir une certaine similarité entre ceux-ci. Cependant, lorsque l’on observe de plus près ce qu’est la déficience intellectuelle et la maladie mentale, on comprend vite que celles-ci sont totalement différentes. Pour démystifier cela, le RODITSA souhaite mettre en lumière les différences entre la DI et les troubles mentaux, et surtout pourquoi ils ne doivent pas être confondus.
La déficience intellectuelle
Premièrement, la déficience intellectuelle n’est pas une maladie, mais un état. Contrairement à une maladie, la DI ne peut pas être soignée ou guérie. Une personne qui vit avec une déficience intellectuelle n’est pas malade ni souffrante, elle présente seulement des différences qui nécessitent des adaptations. C’est également le trouble de développement le plus courant.[1]
Pour éclaircir davantage les caractéristiques de la DI, la Société québécoise de la déficience intellectuelle a créé une brochure informative de quelques pages sur le sujet. Celle-ci est disponible à l’adresse suivante : https://www.sqdi.ca/wp-content/uploads/2018/07/Qu_est_ce_que_la_deficience_intellectuelle.pdf.
Bien entendu, chaque personne est différente et peut présenter des particularités qui lui sont propres. Cependant, certaines caractéristiques ont été remarquées chez la plupart des personnes qui présentent une DI : le repérage dans le temps et dans l’espace peut s’avérer plus complexe; elles peuvent éprouver de la difficulté avec la mémoire à court terme, la concentration et le développement du langage; la résolution d’une situation problématique peut aussi être difficile, de même que les liens logiques à faire entre certains éléments. De plus, acquérir de nouvelles stratégies et les maintenir peut représenter un défi. On remarque aussi des limitations au niveaux de l’adaptation à certains concepts sociaux, comme l’utilisation de l’argent, les interactions sociales et les activités quotidiennes. Le moment où survient la déficience intellectuelle peut varier, mais se fait toujours avant la majorité.[2]
La maladie mentale
Au Québec, 1 personne sur 5 verra sa santé mentale atteinte au cours de sa vie. Toutefois, bien que les troubles de santé mentale soient très larges, ils n’englobent en aucun cas la déficience intellectuelle. « La maladie mentale se définit par des changements qui affectent la pensée, l’humeur ou le comportement d’une personne, et qui lui causent de la détresse ou de la souffrance. »[3] Comme il existe de nombreux troubles mentaux ayant chacun leurs propres caractéristiques, il est difficile de faire une liste exhaustive des signes et symptômes, car ils sont très variables. L’intensité de ceux-ci changent aussi selon le type de maladie mentale, la personne atteinte, etc. Toutefois, des signes et symptômes reviennent couramment et peuvent être ressentis pas la personne concernée ou remarqués pas son entourage. La personne atteinte peut ressentir une perte d’appétit, de l’insomnie, de la tristesse, des difficultés de concentration, etc. Quant à l’entourage, il peut remarquer de l’isolement, de la désorganisation, des pertes de mémoires, de la difficulté à répondre aux obligations, etc.[4]
Comment les différencier?
Globalement, la déficience intellectuelle est un état dont les caractéristiques qui y sont rattachées sont surtout visibles au niveau du comportement et de l’adaptation sociale. La DI se manifeste toujours avant l’âge de 18 ans.
D’autre part, les personnes qui présentent une DI ne sont pas malades, ils apprennent à vivre avec leurs différences. Les personnes atteintes de troubles de santé mentale peuvent être traitées et la maladie n’est pas nécessairement permanente et peut apparaître à tous moments.
Toutefois, il est important de saisir que l’un n’empêche pas l’autre. En effet, une personne qui présente une déficience intellectuelle peut également être atteinte d’un trouble de santé mentale. Chacun sera alors pris en charge séparément.
Lacunes actuelles dans la dissociation des termes
Souvent, le terme mis de l’avant dans le titre ou les grandes lignes des programmes et/ou politiques « santé mentale ». C’est pourquoi il est facile de confondre la DI et les troubles mentaux. C’est par exemple le cas dans le Programme d’accompagnement justice et santé mentale, qui inclus théoriquement la DI. Cependant, après quelques échanges avec les personnes en charge du programme, il ressort que la DI n’est pas toujours desservie, faute de ressources. De plus, dans les critères d’admissibilité, la ligne entre la santé mentale et la déficience intellectuelle est très floue, ce qui peut laisser croire que la DI fait partie des troubles de santé mentale.
Il en est de même avec certains documents, comme la Stratégie nationale de concertation en justice et santé mentale. Une fois de plus, le titre de la stratégie ne laisse pas croire que le document inclut la déficience intellectuelle et le trouble du spectre de l’autisme. Pourtant, c’est bien le cas. Une personne qui ne connaît donc pas la différence entre la DI, le TSA et les troubles mentaux pourrait croire que ceux-ci sont toutes des maladies semblables. Pourtant, il est bien clair que la DI et le TSA sont des états avec lesquels on vit, et non des maladies qui peuvent se traiter.
Cela démontre l’importance de savoir différencier la déficience intellectuelle des troubles de santé mentale, car les comportements à adopter envers chacun sont totalement différents et peuvent changer les interactions avec la personne concernée.
[1] SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE DE LA DÉFICIENCE INTELLECTUELLE, « Qu’est-ce que la déficience intellectuelle », (En ligne), https://www.sqdi.ca/wp-content/uploads/2018/07/Qu_est_ce_que_la_deficience_intellectuelle.pdf.
[2] Idem.
[3] GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, « Maladie mentale », (En ligne), https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/maladie-mentale#c1551.
[4] Idem.