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Le 3 décembre, prenons part aux actions visant à éliminer les obstacles environnementaux visibles et invisibles dans le cadre de la journée internationale des personnes handicapées!

Le 3 décembre est, depuis plus trois décennies, souligné, et ce, partout à travers le monde comme la Journée internationale des personnes handicapées. En 1992, la résolution 47/3 de l’Assemblée générale des Nations Unies venait proclamer le 3 décembre comme la Journée internationale des handicapés. Mais où est passé le mot « personne » penserez-vous. Il ne s’agit pas là d’une coquille, dans la mesure où, à cette époque pas si lointaine, le handicap était conceptualisé selon un modèle strictement biomédical. Concrètement, ce modèle implique que le handicap repose uniquement sur les dimensions médicale et individuelle ce qui veut dire qu’il est attribué directement à la personne sans considération d’autres facteurs déterminants. Pour ramener cette logique à sa plus simple expression, nous pourrions dire qu’en gros elle soutient que si une personne vit des situations de handicap, c’est uniquement sa faute.

Si la terminologie utilisée dans la résolution 47/3 témoigne de l’immense chemin parcouru dans les trente dernières années, nous constatons que l’objectif soutenu dans cette même résolution de mettre en œuvre des stratégies visant à instaurer « une société pour tous d’ici à l’an 2010 » est encore loin d’être atteint. Néanmoins, le changement de paradigme porté par l’adoption et la démocratisation d’une conception sociale du handicap (Modèle de développement humain – Processus de production du handicap) permet aujourd’hui d’expliquer le phénomène du handicap comme le produit de l’interaction entre trois domaines conceptuels, c’est-à-dire les facteurs personnels, les facteurs environnementaux et les habitudes de vie. Cela se traduit concrètement par le fait que nous ne parlons plus aujourd’hui « des personnes souffrant d’handicaps » comme c’est le cas dans la résolution de 1992 des Nations unies, mais de personnes présentant des besoins particuliers ou de personnes vivant des situations de handicap. Les mots ont une valeur importante. C’est pourquoi de nombreux mouvements sociaux militants, portés notamment par les principaux concernés, revendiquent l’utilisation d’une terminologie adéquate, inclusive, mais surtout non stigmatisante afin de désigner leur état. À cet effet, nous pouvons penser aux actions militantes entre autres portées par Marjorie Desormeaux-Moreau, professeure à l’Université de Sherbrooke et chercheuse autiste[1], qui vise à soutenir une reconstruction plus avantageuse des statuts et identités autistiques. Ce mouvement militant soutient l’importance de dissocier le modèle pathologique du processus de construction identitaire, et ce, afin de façonner une représentation positive et protéger l’identité des personnes autistes vis-à-vis du prisme déficitaire et invalidant porté par l’analyse biomédicale et le diagnostic. Cette dissociation est importante dans la mesure où la vision portée par l’analyse biomédicale occulte complètement les forces de l’individu en mettant l’emphase sur un cadre qui présente la personne comme insuffisante et inadéquate vis-à-vis d’attentes neuronormatives[2]. Bref, nous avons abordé la question de la construction identitaire de façon approfondie dans le dernier numéro du magazine Le Référentiel. Par conséquent, si vous souhaitez en apprendre davantage sur la question nous vous invitions à consulter le 4e numéro de la revue de défense des droits en suivant le lien ci-dessous.

https://roditsamauricie.org/wp-content/uploads/2023/11/Le_Referentiel-4-Automne-23-liens_ML_VF.pdf

Pour conclure, énormément d’efforts ont été déployés au Québec dans les dernières décennies et différents engagements sont actuellement portés à différents niveaux afin de pallier les divers obstacles, visibles et invisibles, qui nuisent à l’accessibilité et à l’inclusion de tous. En cette Journée internationale des personnes handicapées, le Regroupement d’organismes en déficience intellectuelle et troubles du spectre de l’autisme de la Mauricie souhaite rappeler l’importance de promouvoir les droits et le bien-être des personnes autistes ou présentant une déficience intellectuelle dans nos communautés. Il importe également de rappeler qu’un individu n’est pas défini par ses limitations et qu’à ce titre une personne ne souffre pas ou n’est pas atteinte d’autisme ou de déficience intellectuelle. Rappelons également, qu’il est complètement inapproprié de parler de « malades mentaux » ou de « déficient intellectuel » puisque cela renvoie à une conception archaïque du handicap basée uniquement sur la dimension biomédicale et individuelle, et ce, en plus d’être complètement déplacé. Ainsi, afin de modifier la manière de caractériser et de définir les personnes autistes ou présentant une déficience intellectuelle, nous devons impérativement rompre avec les normes et les pratiques régies par le neurocapacitisme.

 

Références

 

Assemblée générale des Nations Unies. « Journée internationale des personnes handicapées », [en ligne], consulté le 29 novembre 2023

 

FOUGEYROLLAS Patrick, BOUCHER N., FISET D., GRENIER Y., NOREAU L., PHILIBERT M., GASCON H., MORALES E., et CHARRIER F. (2015). « Handicap, environnement, participation sociale et droits humains : du concept d’accès à sa mesure », Développement Humain, Handicap et Changement Social / Human Development, Disability, and Social Change, numéro hors-série, pp. 5-28.

 

FOUGEYROLLAS Patrick. (2016). « Influence d’une conception sociale, interactionniste et situationnelle du handicap au sein d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre du droit à l’égalité : le modèle québécois », Revue française des affaires sociales, no 4, pp. 51-61.

 

POULIN Marie-Hélène, DÉSORMEAUX-MOREAU Marjorie et GRANDISSON Marie. (2023). « Guide de pratiques inclusives en recherche participative ». Trois-Rivières, Canada, Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, Institut universitaire en déficience intellectuelle et en trouble du spectre de l’autisme.

 

Office des personnes handicapées du Québec. (16 novembre 2023). « Soulignez la Journée internationale des personnes handicapées », [en ligne], consulté le 29 novembre 2023

 

Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). « Journée internationale des personnes handicapées », [en ligne], consulté le 29 novembre 2023

 


 

[1] Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, « Mois de l’autisme – Marjorie Desormeaux-Moreau chercheuse autiste », [En ligne],

https://ciusssmcq.ca/blogue/47/marjorie-desormeaux-moreau-chercheuse-autiste/, consulté 7 juillet 2023

[2] Marjorie Désormeaux-Moreau. GRAADA, (7 mai 2023), « Être a/Autiste : des statuts et des identités qui se jouent, se négocient et se développent », Symposium GRAADA – Diversité de paroles, YouTube.


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